Informations pratiques
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à propos
« Depuis notre première rencontre, il y a quinze ans déjà, les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach n’ont cessé d’accompagner notre parcours de musiciens. Liés par une amitié profonde dès nos débuts, tous deux entrés au Conservatoire de Paris, nous passions nos journées à jouer en duo, à déchiffrer des partitions, à interroger les transcriptions, à explorer sans relâche. La musique baroque pour clavier nous fascinait depuis toujours.
Tapis au fond de nous, un rêve un peu fou nous habitait : celui d’oser un jour approcher ce monument, ce chef-d’œuvre d’architecture musicale, aussi vertigineux qu’intemporel — les Variations Goldberg. Une œuvre que l’on croyait alors hors de portée de notre instrument.
Nous avons tenté une première transcription, avant de renoncer face à l’ampleur du travail qu’elle exigeait. C’était il y a douze ans. Pourtant, ce projet, loin de nous quitter, est resté en filigrane, présent dans chaque étape de notre chemin.
En 2020, armés de davantage de maturité, nous avons décidé de nous lancer, corps et âme, dans cette aventure exaltante, avec l’intime conviction que cette fois, nous irions jusqu’au bout.
Pendant plus d’un an, nous avons patiemment transcrit les variations, animés par une question essentielle : comment adapter une œuvre écrite pour clavier à deux guitares, tout en conservant l’illusion d’un seul et même interprète ?
Une première réponse s’est imposée dans la facture même de nos instruments. Après de longs échanges avec le luthier Hugo Cuvillier, nous avons conçu deux guitares jumelles, semblables en timbre, en puissance, en nuances. Lors de notre seconde résidence à La Chaise-Dieu, en plein cœur de l’hiver auvergnat, Hugo nous a confié deux instruments issus du même arbre. Une évidence s’est alors imposée : la fusion sonore de ces guitares, alliée à la complémentarité de nos sensibilités musicales, nous permettait de devenir, à deux, l’écho d’un seul instrument. C’est à cet instant que nous avons su que ce projet était possible.
Une autre réponse, plus intime, résidait dans la quête de la spiritualité de Jean-Sébastien Bach. C’est ainsi que nous nous sommes retirés en silence à l’abbaye de Solesmes, pour partager un temps de vie auprès de moines ayant dédié leur existence à la prière et au recueillement. Dans le silence absolu de l’abbaye, sans échanger un mot, nous avons répété inlassablement les variations. On dit que la musique naît du silence : jamais cette idée ne nous a paru plus juste qu’à Solesmes.
L’enregistrement du disque, réalisé dans les montagnes suisses de La Chaux-de-Fonds, prolonge cette expérience suspendue. Là-haut, nos pas crissant sur la neige, en route vers l’auditorium, semblaient déjà annoncer les premières notes de l’Aria.
Aujourd’hui, nous avons la joie de vous dévoiler le fruit de ces années de travail, de recherches, d’harmonies partagées. Les Variations Goldberg sont, sans doute, le projet de notre vie : un éternel recommencement. »
Antoine Morinière et Thibaut Garcia
Avril 2025